Série « bricoler l’incurable »
photographie couleurs, néons, bois et peinture murale
180 x 120 cm
Dans « Love supreme », l’artiste appose la carte de l’Afrique réalisée à partir de néons de couleur bleue, sur une fenêtre entrouverte. Comme une lueur d’espoir, cette fenêtre semble suggérer une ouverture possible sur le monde, annonçant peut-être la fin des conflits et la paix entre les peuples. A ceci près qu’un détail vient contrebalancer ce tableau idyllique : le choix du fond sombre de la fenêtre semble émettre un doute quant à la réalisation de ce qui apparaît dès lors comme une utopie. Cette œuvre s’inscrit dans la continuité de son projet intitulé « Bricoler l’incurable » où il développe un travail en forme de perpétuel recommencement. Ce titre est la clé de voûte de son imaginaire, situé entre fiction et réalité. Il bricole effectivement, lorsqu’il déclare vouloir « simplement construire un espace de possibles », en n’hésitant pas à déconstruire et permuter ses propres œuvres. Les dispositifs dont il use pour ce faire prennent la forme d’installations complexes où la lumière a la part belle, combinant néons, dessins, vidéos, photographies, sculptures ou objets readymades, et sont simultanément des plateformes de travail et des lieux d’exposition. Ces arrangements nommés « détails » sont provisoires : fragments prêts à être remis en jeu, ils fournissent l’image d’une réalité insaisissable dans sa totalité et sa complexité. Préférant construire, comme il le dit, « plutôt des espaces à vivre qu’à voir », Mohamed El Baz est un activateur de combinaisons visuelles et existentielles inédites. En affirmant bricoler, il décompose et recompose les frontières plastiques et humaines à travers son vécu et sa réflexion sur l’art, opérant une mise à plat des productions et symboles des différentes cultures par le traitement minimaliste qu’il leur inflige. Minant tout effet ethnocentriste, son art tente de mettre en lumière des différences qui fondent la naissance d’une pluralité culturelle consciente.
In “Love Supreme“, the artist places the map of Africa in blue neon on a half-opened window. Like a glimmer of hope, this window seems to suggest a possible opening on the world, perhaps announcing the end of conflicts and peace between the peoples. However, if we look closer, a detail casts a shadow over this idyllic picture: the choice of the window’s dark background seems to express an undeniable doubt as to the fulfillment of what seems to be a utopic dream. This work is part of his project “bricoler l’incurable” (tinkering the incurable) where he developed a work in the form of an endless beginning. This title is key to his imaginary, halfway between fiction and reality. He indeed is “tinkering”, when he says he wants to “simply build a space of possibilities”, as he does not hesitate to deconstruct and switch around his own works. In doing so, he uses complex installations where the light takes pride of place, combining neon lights, drawings, videos, photographs, sculptures and readymade artifacts, which are at the same time working platforms and exhibition venues. These arrangements named “Details” are provisional: these fragments ready to be brought into play again convey the image of an elusive reality in both its entirety and complexity. As he would rather build, as he says, “living spaces instead of viewing spaces...” Mohamed El Baz is an activator of unprecedented visual and existential combinations. By claiming to be “tinkering”, he breaks down and reconstructs the plastic and human borders through his experiences and reflections on art, reviewing from scratch the works and symbols of the different cultures through the minimalist processing he inflicts upon them. Undermining any ethnocentric effect, his art attempts to highlight the differences that underlie the emergence of a conscious cultural plurality.