Série « distorted reality »
triptyque tirage numérique couleur lambda
Édition 1/10
3 x (120 x 160 cm)

Dans la série « Distorted Reality » commencée en 2005, Faisal Samra développe un travail où s’entremêlent les pratiques de performance, vidéo, installation et photographie avec pour thème récurrent la mise en scène corporelle et conceptuelle. Ainsi, ses performances éphémères du corps camouflé se prolongent et se fixent sous forme de grands triptyques photographiques. Plusieurs de ces œuvres représentent l’artiste, couvert de masques, de calligraphie, de tissus ou de bandages qui vont jusqu’à faire disparaître son visage. Il se contorsionne dans des postures noueuses, complexes qui lui donnent parfois l’air d’étouffer, comme s’il cherchait désespérément à se libérer. Il se dégage de ces images expressives, évoquant un trouble de l’être dans l’héritage de Francis Bacon, une grande force émotionnelle et spirituelle. Dans ses œuvres, le sujet reste insaisissable, les visages s’y devinent par bribes, les traits sont gommés, les contours déformés, l’identité désagrégée… C’est le cas du triptyque « performance #44, 2008 », qui représente une silhouette de femme toute de noir voilée, portant dans ses bras ce qui semble être une carcasse animale enveloppée d’un linge blanc sur lequel nous lisons cette inscription : Al-lahm al-arabi (la viande arabe). Ce besoin de résister à une épreuve physique ou intellectuelle est pour l’artiste un sentiment sain de survie face aux multitudes de contraintes qui entravent la vie d’un être. Si Faisal Samra s’acharne ainsi à exposer le réel, en révélant ses distorsions, c’est alors pour le remettre en question. Pour Faisal Samra, l’image n’est qu’un leurre. Et son œuvre, une sorte de prise en charge par soi-même de la représentation de ces diverses contradictions.
In the series “Distorted Reality“ started in 2005, Faisal Samra develops a work where the physical and conceptual staging is a recurrent theme. His transient performances of the hidden body extend assume the form of large photographic triptychs. Many of these works represent the artist, covered with masks, calligraphy, fabric or bandages that go to the extent of occulting his face, where he gets twisted as if he were desperately trying to free himself. Great emotional and spiritual strength emerges from these expressive images evoking a disorder of the being reminiscent of Francis Bacon. In his works, the subject remains elusive, the faces are revealed in snatches, the features are darkened, the contours are distorted, identity is disaggregated… This can be seen in the triptych “performance #44, 2008“, featuring a silhouette of a black veiled woman, carrying in her arms what seems to be an animal carcass wrapped into a white linen on which the following inscription reads: Al-lahm al-arabi (the Arab meat). This need to withstanda physical or intellectual test is for the artist a healthy sense of survival in view of the many constraints that hinder the life of a being. If Faisal Samra persists in exhibiting the real by revealing its distortions, it is primarily with a view toward questioning it. Thus, the image is nothing but a lure to him, and his work becomes self-representation of these various contradictions.