Dessin au fusain sur papier marouflé sur panneau
244 x 122 cm

« Je pense que mon art en appelle à des yeux courageux. Je ne veux pas d’un art qui vous tape sur le dos en vous disant que tout ira pour le mieux. J’aspire à quelque chose de beaucoup plus provocateur. Vous ne le contemplez pas, il vous contemple tout autant que vous le contemplez ».
C’est ainsi que l’américain Robert Longo résume sa démarche artistique. Cet imposant pistolet semble en effet fixer l’observateur jusqu’à l’obsession, à l’affût de la moindre réaction. Le recours à la perspective que l’on retrouve dans bon nombre d’œuvres réalisées par l’artiste participe de la monumentalisation du pistolet, devenu dès lors moins reconnaissable et par conséquent plus menaçant. Mais quel est donc le message que tient à nous livrer Robert Longodans «Bodyhammer»? Dans un pays où la présentation d’une pièce d’identité suffit à détenir une arme à feu, l’artiste met l’accent sur les dérives et le culte de la violence qui en ont découlé, faisant de nombreuses victimes au fil des ans. Jouant sur la gamme d’un noir omniprésent, l’artiste nous renvoie à la noirceur de la société américaine et occidentale de manière plus générale. On se souvient tous de la tragédie qui s’est déroulée en 1999 au lycée Colombine où, frappés d’une folie meurtrière, deux étudiants pénétrèrent dans le lycée munis d’armes à feu, tuèrent 13 personnes et en blessèrent 24 autres, avant de se donner la mort. Un culte de la violence qui se reflète également dans l’impérialisme militaire américain, qui n’hésite pas à intervenir sur des territoires étrangers et à imposer son mode de vie par la violence. « Bodyhammer » se veut ainsi une critique de la politique intérieure et extérieure des Etats-Unis, et plus généralement de l’attrait exercé par les armes à feu dans le monde contemporain. Entre attraction fatale et esthétique de la violence, l’artiste dramatise délibérément les dérives causées par la prolifération des armes à feu, que ce soit au niveau individuel ou à celui des nations.A travers cette œuvre à la fois immense, dramatique, et puissante, l’artiste nous met face aux stigmates de notre société et nous oblige à une réflexion sur les actes des hommes et leurs conséquences sur le monde qui nous entoure.
“I think I make art for brave eyes. I don’t want to make art that will pat you on the back and tell you everything is going to be okay. I want to make something that’s much more confronting. You don’t look at it, it looks at you as much as you look at it.”
This is how the American Robert Longo summarizes his artistic approach. This imposing gun seems to stare at the observer obsessively, lying in wait for the slightest reaction. The use of perspective that is found in many works by the artist monumentalizes the gun, which becomes less recognizable and therefore more threatening. What is the message that Robert Longo is trying to convey in “Bodyhammer“ ? In a country where showing one’s ID is enough to buy a gun, the artist stresses the resulting drifts and the cult of violence that have made so many victims throughout the years. Playing on the range of an omnipresent black, the artist refers to the darkness of the American and more generally Western society. We all remember the tragedy that occurred in 1999 at Colombine high school where two students embarked on a massacre, killing 13 and injuring 24 people, before committing suicide. This cult of violence also shows in the American military imperialism, as it does not hesitate to intervene in foreign territories and impose its way of life by way of violence. “Bodyhammer“ claims to be a criticism of the United States’ domestic and external policy, and more generally of the attraction of guns in the contemporary world. Halfway between fatal attraction and aesthetics of violence, the artist deliberately dramatizes the drifts caused by the proliferation of guns, be it at the individual or national level. Through this immense, dramatic, and powerful work, the artist confronts us with the marks of our society and forces us to reflect upon the acts of men and their consequences on the world around us.