Vente d'Avril 2012 | "Legends"
La Compagnie Marocaine des Œuvres et Objets d’Art - CMOOA - est heureuse d’annoncer sa prochaine vente aux enchères prévue le samedi 10 avril 2021 à 17h à casablanca, au 5, rue Essanaani, quartier bourgogne.
La vente aux enchères du 10 avril 2021 s’inscrit dans un long processus de travail que nous avons entamé en mai 2014 pour accompagner la reconnaissance du «Mouvement de Casablanca». Sept ans plus tard, nous organisons cette manifestation qui se veut être une synthèse de nos précédentes recherches sur ce mouvement, considéré aujourd’hui comme l’un des plus importants de la seconde moitié du XXème siècle.
Le projet de cette vente est né cet été à Agadir, alors que Mohamed Melehi travaillait sur la conception d’une nouvelle charte visuelle et l’élaboration du mobilier urbain de la ville. A l’annonce de son décès le 28 octobre dernier, nous avons décidé de reporter l’organisation de cette manifestation pour respecter une période de deuil nécessaire, au vu de l’impact que sa disparition a provoqué au sein la scène artistique nationale.
Aujourd’hui, la réalisation de ce catalogue revêt une dimension particulière à nos yeux, car nous aurions tant aimé qu’il découvre l’hommage qui lui est rendu à travers les textes de ses amis, qui accompagnent certaines de ses œuvres les plus emblématiques.
Mohamed Melehi était parfaitement anglophone et ressentait un attrait particulier pour la culture américaine qui l’avait beaucoup marqué, à Minneapolis d’abord puis à New York, de 1962 à 1963. Le titre donné à cette manifestation fait référence à certaines de nos discussions, où je ne cessais de lui rappeler qu’il était une légende vivante, au vu de son destin et de son rôle-clé dans l’histoire de l’art non seulement marocain.
Le catalogue de cette manifestation veut aussi apporter un éclairage sur tous les autres artistes qui ont été associés au «Mouvement de Casablanca», notamment ceux qui ont fréquenté l’École des Beaux-Arts de Casablanca en tant qu’étudiants, entre 1966 et 1972. Ceux-là ont eux aussi joué un rôle déterminant, et il serait injuste que l’Histoire ne le reconnaisse pas aujourd’hui à sa juste valeur.
A côté de cela, nous souhaitions donner à voir d’autres artistes qui n’ont pas été enseignants ou étudiants à l’École des Beaux-Arts de Casablanca, mais qui ont apporté à des moments ou d’autres une importante contribution à l’art marocain, lors de la création de l’AMAP en 1972, ou durant la biennale de Bagdad de 1974, ou encore lors de l’exposition transmaghrébine de 1975 et durant le festival d’Asilah en 1978.
Il était important pour nous de revenir sur l’opposition entre le Groupe de Casablanca d’abord (et le Mouvement de Casablanca plus généralement) et Jilali Gharbaoui, qui était en marge de cette dynamique artistique des années 60, portée par le trio Belkahia-Chabâa-Melehi.
Le Groupe de Casablanca souhaitait lutter contre une peinture jugée émotionnelle, héritée de lyrique européenne, pour favoriser l’émergence d’une peinture «intellectuelle» et «rigoureuse», portée par un discours plastique opposé à celui de Gharbaoui.
Il est intéressant de découvrir comment Mohammed Kacimi et Miloud Labied ont rallié, vers 1970, les idées du Mouvement de Casablanca, et d’observer la transformation de leur geste artistique. Il est tout aussi important de se rendre à une évidence: Chaïbia Tallal fait également partie de cette histoire complexe, elle est selon moi la seconde face d’une même médaille.
Tous les artistes figurant dans ce catalogue ont participé à l’édification de l’histoire riche et complexe de l’art marocain. Aujourd’hui, ils sont tous des «légendes» à mes yeux, et les recherches qu’ils ont réalisées dans un espace-temps précis appartiennent à un patrimoine culturel universel.
Fait trop rare pour ne pas être signalé, c’est la première fois de notre histoire que l’art marocain sera visible en trois musées importants au même moment. Farid Belkahia fait actuellement l’objet d’une grande rétrospective au Centre
Pompidou, La Reina Sofia à Madrid abritera, elle, une grande exposition collective intitulée «Trilogie Marocaine», et le Cultural Center Abu Dhabi accueillera la grande exposition consacrée à Mohammed Chabâa.